Le 26 novembre 1934, une météorite s'est écrasée à quelques mètres de la frontière avec la Belgique, sur la commune de Bettrechies. Sitôt touché terre, l'engin s'est lié à la fiction. Volé puis ensuite égaré, l'objet a connu nombre de péripéties avant d'être retrouvé à la fin des années 90. A mon tour, j'ai réfléchi à un scénario improbable. Fuyant la lumière des villes qu'elle verrait comme des météorites encore plus grande qu'elle, je l'imagine rebondir et se frayer un chemin en toute discrétion jusqu'à la mer.
Ce road trip fictif sera documenté en une série de photographies. Pour l'incarner à l'image, j'ai fait le choix d'utiliser des crayons à papier qui me permettent, grâce aux propriétés conductrices du graphite, de produire une lumière suffisamment intense pour saturer le capteur de mon appareil photo. Cette lampe rudimentaire me permet de ressusciter les premiers éclairages urbains mais aussi de m'en servir cette fois, non pas pour polluer le ciel et nous empêcher de voir les astres mais pour justement mieux en voir un, en l'occurrence une météorite.
En amont des prises de vue, j'ai inventorié des lieux non éclairés en Belgique et en France, entre Bettrechies et Dunkerque, que j'ai classés en différentes catégories (bunker, usine abandonnée, décharge sauvage, forêt...). Tout en faisant cohabiter l'imaginaire de l'espace avec les paysages du Nord, ce projet sera l'occasion de rappeler la présence et les histoires de lieux à la marge ou oubliés.